Ni Silence, Ni Oubli!


Tribunal de Conscience contre la violence sexuelle faite aux femmes pendant le conflit armé au Guatemala.


Les 4 et 5 mars dernier, des organisations formant le mouvement des femmes guatémaltèques se réunissaient pour demander justice à l’État au nom des femmes qui ont souffert la violence sexuelle pendant le conflit armé. Puisque le système judiciaire du pays n’a jamais permis l’instauration d’un véritable procès, un tribunal de conscience a été formé et plus de 400 personnes y ont participé. Les témoignages entendus ont contribué à construire la preuve de la culpabilité du gouvernement alors en place dans la planification généralisée et systématisée de ces actes criminels et a permis de mettre en évidence le devoir du gouvernement actuel et de la société civile en général d’appuyer les mesures d’indemnisation et de dignification des victimes.

L’Union Nationale des Femmes Guatémaltèques (UNAMG), en collaboration avec quatre autres organisation (ECAP, MTM, CONVIGUA y laCuerda), souligne son 30ième anniversaire en revendiquant justice pour ces femmes, majoritairement d’origine maya, qui ont souffert et continuent à vivre « avec cette douleur qui jamais ne cesse ».

Le tribunal de conscience est une action symbolique qui cherche à rendre leur dignité à toutes ces femmes survivantes de viols et autres tortures d’origine sexuelles qui ont vécues la violence, la douleur, l’humiliation, et la marginalisation. Le tribunal de conscience est une dénonciation de la violation des droits des femmes à vivre en sécurité, exemptes de violence sexuelle. Le viol continue, encore aujourd’hui, à être utilisé par l’armée et les autorités policières comme en témoignèrent les femmes de la région d’Elestor qui furent violées par des soldats lors d’une opération militaire favorisant l’entreprise minières canadienne Skye Ressources BC en 2007. Par cette action symbolique, le mouvement des femmes veut exiger de l’État la reconnaissance de ses tords, le dédommagement des méfaits et un engagement sérieux pour éliminer ces formes de violences contre les femmes.
Le tribunal de conscience est le résultat de 3 ans de travail des différentes organisations dans l’accompagnement psychologique et juridique de femmes victimes de la violence sexuelle. Pour les aider à retrouver leur dignité perdue, leur santé physique et mentale et à lutter pour leurs droits faisant d’elles de véritables survivantes.

La réalisation de ce tribunal de conscience, symbolique reproduction d’un tribunal international, à demandé l’appuie de toutes et chacune. Lors de cet événement historique, des femmes et des hommes engagés dans la lutte contre la violence faites aux femmes à travers le monde ont participé à la construction de la preuve ou comme témoins d’honneur en solidarité avec les femmes survivantes des violences survenues au Guatemala.

Le tribunal de Conscience est un moyen alternatif de justice, son objectif est de dénoncer et de conscientiser l’État et la société à la violence dont souffrent les femmes et de l’importance de s’unir pour que justice soit faite. Qu’il est urgent que les États s’engagent à ne plus utiliser la violence sexuelle comme arme de guerre et de répression sociale et qu’ils se portent garants de la sécurité des femmes lors des conflits armés tout comme en temps de « paix ».

Dans les prochains mois, j’appuierai l’équipe de recherche de la UNAMG dans le cadre d’un projet de recherches ayant pour but d’évaluer les impacts du tribunal de conscience sur les femmes qui y ont participé. Je tenterai de publier d’autres textes sur le sujet. Vos commentaires sont les bienvenus.

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